Depuis que j’ai commencé ma pratique d’Acupuncture et Médecine Traditionnelle Chinoise (MTC) ; beaucoup de mes patients me demandent -par curiosité- : Comment ces chinois ont pu découvrir tous ces points ? et mieux encore, comment ils ont pu reconnaitre toutes leurs indications et vertus ?!
C’est de l’ordre de la MAGIE !!
On est bien d’accord que la MTC date d’environ 5000 ans, et toutes ses théories et pratiques ont été découvertes et développées sur des milliers d’années ; avant même qu’il ait de concept de médecin ou de maladie !!
- Je rappelle que l’enseignement de l’acupuncture a été souvent une transmission orale de maître à élève, et surtout de père à fils. Il était même conseillé de se choisir un médecin, fils et petit-fils de médecin.
L’histoire de l’acupuncture est une longue, très longue histoire, puisqu’elle se confond avec l’histoire de la civilisation chinoise (elle se confond aussi avec l’histoire de la médecine chinoise, dans laquelle elle s’insère ; mais dont elle n’est qu’une partie).
Cependant, la vraie histoire et la naissance de l’Acupuncture ; ainsi que sa chronologie demeure très floue et entourée de beaucoup de mystères…
Tout d’abord, il faut comprendre que dans la protohistoire ; l’ancien chinois vivait dans un monde hostile où tout était inexplicable, et il cherchait à se comprendre à travers les faits qui l’entourent…
Les phénomènes qu’ils constataient et subissaient, apparaissaient comme des forces agissantes, tel le vent, la pluie, le feu… mais ils ne pouvaient être que des manifestations d’une vie « invisible ». L’antiquité chinoise les considéra comme des démons « GUI » ; les uns bienfaisants, les autres malfaisants !
LA MALADIE était l’acte de certains GUI… Véritables démons spécialisés !
A cette époque ; il n’eut pas de médecins, mais plutôt des « sages » qui s’intéressaient aux malades, et qui tentaient de combattre les influences maléfiques (maladies = GUI) à l’aide de plantes capables « d’empoisonner » ces mauvais « démons = GUI » ; puis petit à petit se constitua une panoplie d’infusions, d’emplâtres…
Un jour ; un homme souffrant depuis plusieurs jours d’une douleur aigue qui prenait tout son membre depuis les « reins » jusqu’au pied, partit à la chasse parce qu’il n’avait plus de viande à manger. En étant à la chasse ; il a reçu accidentellement une flèche dans le pied !
« Celui qui s’intéressait aux malades » ne portait pas beaucoup d’attention sur ce fait, étant ordinaire à l’époque, et ne fit qu’à retirer l’arme et soigner correctement la plaie (avec un pansement et des herbes) afin d’empêcher l’entrée d’un « GUI » à travers la plaie et envahir la jambe !!
Quelques heures plus tard ; le blessé s’était relevé, très étonné, et commençait à marcher, se pencher en avant, s’accroupir… avec une joie extrême !
« L’homme qui s’intéressait aux malades » ébahi de sa réaction, l’interrogea ?! Le patient répondit en exprimant une satisfaction inconcevable :
« Je crois que cette flèche devait être une arme magique, car elle a surement tué un GUI qui s’était installé dans ma jambe et me tourmenté. J’avais depuis plusieurs jours une douleur aigue qui s’étendait depuis les reins jusqu’à la région de ma blessure, et qui me rendait tout mouvement extrêmement pénible. Il a fallu que j’aille à la chasse, car nous n’avions plus de viande, et ce me fut un véritable supplice. Je bénis celui qui m’envoya accidentellement cette flèche, car il a fait une victime de choix en exécutant ce démon. Je ne ressens plus du tout cette violente douleur qui m’était intolérable ».
Continuons à imaginer la suite de cette histoire. « Celui qui s’intéressait aux malades », pensif, examina bien évidemment la flèche qu’in venait d’extraire. Était-il possible que ce simple bâtonnet terminé par une petite pierre taillée répondit à la question qu’il se posait depuis un bon moment ? Il n’existait pas de moyen de porter les « poisons » dans les chairs où se réfugiait ce démon, mais une flèche pouvait atteindre profondément celui-ci. La preuve venait d’en être soumise !!
Il est fort probable que le praticien se mit après en quête d’un homme ou d’une femme souffrant à l’avenant. De tels cas sont innombrables dans les villages à climat froid et humide au bord du fleuve. Sa flèche à la main, il pénétra dans la hutte d’une famille dont la mère souffrait de la jambe. Il trouva la dame allongée sur sa natte, impossible de faire le moindre mouvement : le GUI en cause devait être très agressif !!
Il expliqua à la malade ce qui venait de passer chez lui, et lui proposa de refaire cette curieuse expérience. Elle accepta sans hésitation, prête à tout pour ne plus souffrir.
L’homme palpa, du bout du doigt, la face externe du pied et, derrière la saillie osseuse de la cheville ; son doigt s’enfonça dans un creux profond ; c’est bel et bien l’endroit qu’il cherchait. Alors, il planta résolument la flèche dans ce creux, attendit quelques instants, puis la retira doucement. La dame avait crié au moment de la blessure ; puis elle observait avec curiosité, attendant impatiemment le résultat.
Le praticien poursuivit son travail en pansant avec soin la plaie saignante, et demanda à la patiente d’essayer de se relever. Il fut rempli de joie lorsqu’il la vit se lever sans difficulté, et lut sur son visage l’expression d’étonnement qu’il connaissait déjà :
« Je crois, lui expliqua-t-il en souriant, que votre GUI vient d’être exécuté. Il ne vous tourmentera plus dorénavant ».
Ce fut ainsi que l’on découvrit la technique des « BLESSURES CURATIVES ».
A partir de cet événement ; les expériences se multiplièrent et furent répétées dans tout le pays, et l’on chercha à atteindre d’autres GUI. Des flèches furent plantées un peu partout sur le corps, il y eut de nombreux échecs, erreurs, mais aussi beaucoup de succès. Il se révéla que les GUI étaient particulièrement vulnérables aux endroits où le doigt s’enfonce, et ces endroits prirent le nom de QiXue (puits = creux), et c’est encore ainsi que sont désignés, en chinois, les points d’acupuncture.
C’est à partir de là que l’on peut véritablement parler de « Médecine » en Chine !
Cependant ; les fléchettes utilisées par les médecins pour chasser les GUI étaient très douloureuses, laissant des cicatrices indélébiles ; pouvant parfois compliquer l’état des malades ! Cela incita les médecins à chercher des moyens, plus doux, pour réduire l’agression tout en gardant à celle-ci son effet curatif.
L’arme fut bientôt remplacée par les BianShi, fins pinçons de pierre taillée, plus maniables et beaucoup moins douloureux, et l’on continua à exécuter les GUI à coups bien ajustés de BianShi..